Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/365

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Et je ne vois plus rien qui me pût secourir,
Ni qui sût rappeler ma liberté bannie.

Dès longtemps je connois sa rigueur infinie ; 5
Mais pensant aux beautés pour qui je dois périr,
Je bénis mon martyre, et content de mourir,
Je n’ose murmurer contre sa tyrannie !

Quelquefois ma raison, par de foibles discours,
M’incite à la révolte et me promet secours ; 10
Mais lorsqu’à mon besoin je me veux servir d’elle,

Après beaucoup de peine et d’efforts impuissants,
Elle dit qu’Uranie est seule aimable et belle,
Et m’y rengage plus que ne font tous mes sens.




sonnet de job,
Par Benserade.

Job, de mille tourments atteint,
Vous rendra sa douleur connue ;
Mais raisonnablement il craint
Que vous n’en soyez pas émue.

Vous verrez sa misère nue : 5
Il s’est lui-même ici dépeint ;
Accoutumez-vous à la vue
D’un homme qui souffre et se plaint.

Quoiqu’il eût d’extrêmes souffrances,
On voit aller des patiences 10
Plus loin que la sienne n’alla.

Il eut des peines incroyables ;
Il s’en plaignit, il en parla :
J’en connois de plus misérables.