Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/370

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feuillets qu’on lit la pièce suivante, qui a été recueillie par M. Paul Lacroix dans le Bulletin du bouquiniste (8e année, 1er  semestre, p. 52).

D’un Poëte écrivain, qui détaché des occupations de sa plume, pour vaquer à celles de la guerre, dit qu’il coupe sa plume avecque son épée.


ÉPIGRAMME DE MONSIEUR CORNEILLE.

Ce petit fanfaron à l’œillade échappée
S’estime grand auteur et n’est qu’un animal,
Dit qu’il coupe sa plume avecque son épée :
Je ne m’étonne pas s’il en écrit si mal.

Bien loin de pouvoir être attribuée à Corneille, cette pièce paraît dirigée contre un de ses partisans ; en effet, nous lisons à la fin du pamphlet intitulé : le Souhait du Cid en faueur de Scuderi. Vne paire de lunettes pour faire mieux ses obseruations, cette conclusion que nous avons déjà rapportée (tome III, p. 16) : « On me connoîtra assez si je dis que je suis celui qui ne taille point sa plume qu’avec le tranchant de son épée, qui hait ceux qui n’aiment pas Chimène, et honore infiniment celle qui l’a autorisée par son jugement, procurant à son auteur la noblesse qu’il n’avoit pas de naissance. »

Du reste M. Édouard Fournier nous a fait remarquer que la réponse qui est la pointe de cette épigramme se trouve déjà mentionnée dans les Historiettes de Tallemant des Réaux, et que l’épigramme elle-même figurait dès 1649 dans les Œuvres de Saint-Amant. Voici le passage de Tallemant des Réaux : « D’Audiguier, auteur de Lisandre et Caliste, disoit à Théophile qu’il ne tailloit sa plume qu’avec son épée : « Je ne m’étonne donc pas, lui dit Théophile, que vous écriviez si mal. » (Historiettes, tome VII, p. 451.)

Quant à l’épigramme, elle figure à la page 127 de la troisième partie (in-4o) des Œuvres de Saint-Amant publiée en 1649 ; elle y porte pour titre : Épigramme sur un écrivain de Gascogne ; les vers 2 et 3 y sont ainsi rédigés :

Qui fait le grand auteur et n’est qu’un animal,
Dit qu’il tranche sa plume avecque son épée.

Nous ne terminerons pas cet article sans mentionner une autre épigramme, que nous croyons avoir déjà rencontrée dans quelque recueil avec la signature de son véritable auteur, mais qui est attri-