Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/419

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pondre comme vous m’y conviez ; et puisque les plus courtes sont les meilleures, je ne ferai point revivre la vôtre par la mienne. Résistez aux tentations de ces gaillardises qui font rire le public à vos dépens, et continuez à vouloir être mon ami, afin que je me puisse dire le vôtre.

Corneille.


    commise par l’imprimeur a été de prendre pour ri un a peu lisible. Ajoutons qu’il y a deux cents ans les auteurs ne voyaient guère d’épreuves ou ne s’acquittaient que bien légèrement de cette partie de leur tâche. — Le mot Amatrique a fort chagriné les éditeurs et les commentateurs de Corneille. Plusieurs se sont contentés de n’en point parler ; d’autres, moins sages, ont tenté de l’expliquer. « Ce mot paraît emprunté du grec άμετρή (sic), démesurée, » dit timidement M. Parrelle. — « Amatrique, sans mesure, désordonné ; probablement du grec άμετρος, » avance d’un ton un peu plus assuré M. Godefroy. » (Lexique comparé de la langue de Corneille, etc., tome I, p. 35.) Mais άμετρος aurait fait tout au plus amétrique, qui lui-même n’a peut-être jamais existé, bien qu’on trouve amétrie opposé à symétrie dans quelques traités techniques***. Enfin, il est des éditeurs parmi lesquels on peut compter Voltaire, qui, par prudence, ont tout simplement supprimé le mot embarrassant.

     * Voyez tome III, p. 24 et note 2.
     ** Le mot est réellement imprimé par un seul t, un peu plus haut, dans les impressions de 1637 : « vous ne m’ataquerés » (voyez p. 405, ligne 7 de la présente édition). Les imprimeurs ont négligé l’accent dans les mots « de porte a porte » (ci-dessus, p. 405, ligne 15) ; et ils ont multiplié les fautes de tout genre.
     *** « Santé est Symmétrie, et maladie, son contraire, Amétrie. » (Traicté de la… coqueluche… par maistre Iean Suau, 1586, p. 7.)



III

Discours prononcé par Monsieur Corneille, avocat général à la table de marbre de Normandie[1], le 22. Janvier 1647, lorsqu’il fut reçu [à l’Académie françoise] à la place de Monsieur Maynard[2].


Messieurs,

S’il est vrai que ce soit un avantage, pour dépeindre

  1. Sur la table de Normandie et sur les fonctions que Corneille y remplissait, voyez au tome I la Notice biographique.
  2. Pellisson raconte, dans sa Relation contenant l’histoire de l’Aca-