Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 10.djvu/63

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Caliste.

Mais cette récompense est plutôt trop petite
Pour tant d’affection. 10

Tirsis.

Je croirai, puisque tu le veux,
Que maintenant mon mal aucunement[1] te touche.

Caliste.

La mort seule éteindra mes feux,
Et j’en ai plus au cœur mille fois qu’en la bouche.

Tirsis.

Je n’ose l’espérer. 15

Caliste.

Tu t’en peux assurer.

Tirsis.

Hélas ! que ton courage
M’apprête de rigueurs à souffrir sous ta loi !

Caliste.

Ce que j’ai de rigueurs, j’en réserve l’usage
Pour tout autre que toi. 20

Tirsis.

Si quelqu’un plus riche ou plus beau,
Et mieux fourni d’appas, à te servir se range ?

Caliste.

J’élirois plutôt le tombeau,
Que ma volage humeur se dispensât[2] au change.

Tirsis.

Je n’ose l’espérer. 25

Caliste.

Tu t’en peux assurer.

  1. Aucunement, en quelque manière, jusqu’à un certain point. Voyez le Lexique.
  2. Voyez tome I, p. 208, note 2 ; tome II, p. 201, vers 1443 ; et le Lexique. — Se disposât, dans les Œuvres diverses, publiées par Granet, et dans toutes les éditions suivantes.