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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 11.djvu/111

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LEXIQUE
DE LA
LANGUE DE CORNEILLE.
A

À, préposition.

Ce mot entre dans un grand nombre de gallicismes, qui abondent chez Corneille, et sont d’autant plus importants à recueillir qu’ils ont été, pour la plupart, fort injustement critiqués.

À, où d’ordinaire aujourd’hui nous mettons pour, devant un substantif, un pronom ou un mot employé substantivement :

Réserve ton courroux tout entier au besoin. (i, 281. Clit. 120.)
L’admirable rencontre à mon âme ravie. (i, 314. Clit. 669[1].)
Comme ils avoient choisi même heure à votre mort,
En même heure tous deux auront un même sort. (i, 316. Clit. 727.)
C’est à ceux de notre âge un puissant ennemi. (i, 350. Clit. 1327.)
Cet État de nouveau rangé sous ma puissance,
Ce sceptre par vos mains dans les miennes remis,
À mes vœux innocents sont autant d’ennemis. (iv, 80. Pomp. 1296.)
Quel charme à mon trépas de penser qu’elle m’aime ! (i, 462. Veuve, 224.)
Qu’il vienne, ce rival, apprendre à son malheur
Que s’il me passe en biens, il me cède en valeur. (ii, 188. Suiv. 1179.)
Puisque tu la hais tant, pourquoi la gardes-tu ?
Au bien de nos enfants… (ii, 383. Méd. 869.)
Quelle douce nouvelle à ces jeunes amants ! (iii, 107. Cid, 3 var.)
Et je garde, au milieu de tant d’âpres rigueurs,
Mes larmes aux vaincus, et ma haine aux vainqueurs. (iii, 286. Hor. 94.)

  1. Voyez la note 1 de la page indiquée.