Ne laissoient à nos vœux aucune différence.
Je pense avoir encor ce qui la sut charmer,
Les mêmes qualités qu’elle voulut aimer.
Peut-être mes douleurs ont changé mon visage ;
Mais en revanche aussi je l’aime davantage ;
Mon respect s’est accru pour un objet si cher[1] ;
Je ne me venge point, de peur de la fâcher.
Un infidèle ami tient son âme captive,
Je le sais, je le vois, et je souffre qu’il vive.
Je tarde trop : allons, ou vaincre ses refus,
Ou me venger sur moi de ne lui plaire plus,
Et tirons de son cœur, malgré sa flamme éteinte,
La pitié par ma mort, ou l’amour par ma plainte :
Ses rigueurs par ce fer me perceront le sein.
Scène II.
[2] !
Ne craignez point pour moi d’entrer chez Hippolyte ;
Vous ne m’apprendrez rien en lui faisant visite :
Mes yeux, mes propres yeux n’ont que trop découvert
Comme un ami si rare auprès d’elle me sert.
Auprès d’un autre objet trouble votre fortune ;
- ↑ Var. Mon respect s’est accru vers un objet si cher. (1637, 44 et 52-57)
Var. Mon respect s’est accru vers mon objet si cher. (1648) - ↑ Var. [Eh quoi ? pour m’avoir vu, vous changez de dessein !]
Pensez-vous m’éblouir avec cette visite ?
Ne feignez point pour moi d’entrer chez Hippolyte (a) :
Vous ne m’apprendrez rien ; je sais trop comme quoi
Un tel ami que vous traite l’amour pour moi. (1637)
(a) Ne laissez point pour moi d’entrer chez Hippolyte. (1644-57)