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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/141

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LA SUIVANTE
COMÉDIE.

ACTE I.



Scène première.

DAMON, THÉANTE.
DAMON.

Ami, j’ai beau rêver, toute ma rêverie
Ne me fait rien comprendre en ta galanterie.
Auprès de ta maîtresse engager un ami,
C’est, à mon jugement, ne l’aimer qu’à demi.
5Ton humeur qui s’en lasse au changement l’invite ;
Et n’osant la quitter, tu veux qu’elle te quitte.

THÉANTE.

Ami, n’y rêve plus ; c’est en juger trop bien
Pour t’oser plaindre encor de n’y comprendre rien.
Quelques puissants appas que possède Amarante,
10Je trouve qu’après tout ce n’est qu’une suivante[1] ;
Et je ne puis songer à sa condition
Que mon amour ne cède à mon ambition.
Ainsi, malgré l’ardeur qui pour elle me presse,
À la fin j’ai levé les yeux sur sa maîtresse[2],

  1. Var. Je treuve qu’après tout ce n’est qu’une suivante. (1637)
  2. Var. À la fin j’ai levé mes yeux sur sa maîtresse. (1637-57)