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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/150

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Scène V

Amarante, Florame.


Amarante.

Laissez, mon cavalier, laissez aller Théante :
Il porte assez au cœur le portrait d’Amarante ;
Je n’appréhende point qu’on l’en puisse effacer.
C’est au vôtre à présent que je le veux tracer ;
Et la difficulté d’une telle victoire
M’en augmente l’ardeur comme elle en croît la gloire.

Florame.

Aurez-vous quelque gloire à me faire souffrir ?

Amarante.

Plus que de tous les vœux qu’on me pourrait offrir.

Florame.

Vous plaisez-vous à ceux d’une âme si contrainte,
Qu’une vieille amitié retient toujours en crainte ?

Amarante.

Vous n’êtes pas encore au point où je vous veux :
Et toute amitié meurt où naissent de vrais feux.

Florame.

De vrai, contre ses droits mon esprit se rebelle ;
Mais feriez-vous état d’un amant infidèle ?

Amarante.

Je ne prendrai jamais pour un manque de foi
D’oublier un ami pour se donner à moi.

Florame.

Encor si je pouvais former quelque espérance
De vous voir favorable à ma persévérance,