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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/155

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Aussi de vous y voir tous les jours attachée,
Quelle puissante amour n’en serait point touchée ?
Je viens d’examiner son esprit en passant ;
Mais vous ne croiriez pas l’ennui qu’il en ressent.
Vous y devez pourvoir, et si vous êtes sage,
Il faut à cet ami faire mauvais visage,
Lui fausser compagnie, éviter ses discours :
Ce sont pour l’apaiser les chemins les plus courts ;
Sinon, faites état qu’il va courir au change.

Amarante.

Il serait en ce cas d’une humeur bien étrange.
À sa prière seule, et pour le contenter,
J’écoute cet ami quand il m’en vient conter ;
Et pour vous dire tout, cet amant infidèle
Ne m’aime pas assez pour en être en cervelle.
Il forme des desseins beaucoup plus relevés,
Et de plus beaux portraits en son cœur sont gravés.
Mes yeux pour l’asservir ont de trop faibles armes ;
Il voudrait pour m’aimer que j’eusse d’autres charmes,
Que l’éclat de mon sang, mieux soutenu de biens,
Ne fût point ravalé par le rang que je tiens ;
Enfin (que servirait aussi bien de le taire ?)
Sa vanité le porte au souci de vous plaire.

Daphnis.

En ce cas, il verra que je sais comme il faut
Punir des insolents qui prétendent trop haut.

Amarante.

Je lui veux quelque bien, puisque, changeant de flamme,
Vous voyez, par pitié, qu’il me laisse Florame,
Qui n’étant pas si vain a plus de fermeté.

Daphnis.

Amarante, après tout, disons la vérité :