Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/175

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Théante.

Ce rival est bien moins à redouter qu’à plaindre.

Damon.

Je veux que de sa part tu ne doives rien craindre,
N’est-ce pas le plus sûr qu’un duel hasardeux
Entre Florame et lui les en prive tous deux ?

Théante.

Crois-tu qu’avec Florame aisément on l’engage ?

Damon.

Je l’y résoudrai trop avec un peu d’ombrage.
Un amant dédaigné ne voit pas de bon œil
Ceux qui du même objet ont un plus doux accueil :
Des faveurs qu’on leur fait il forme ses offenses,
Et pour peu qu’on le pousse, il court aux violences.
Nous les verrions par là, l’un et l’autre écartés,
Laisser la place libre à tes félicités.

Théante.

Oui, mais s’il t’obligeait d’en porter la parole ?

Damon.

Tu te mets en l’esprit une crainte frivole.
Mon péril de ces lieux ne te bannira pas ;
Et moi, pour te servir je courrais au trépas.

Théante.

En même occasion dispose de ma vie,
Et sois sûr que pour toi j’aurai la même envie.

Damon.

Allons, ces compliments en retardent l’effet.

Théante.

Le ciel ne vit jamais un ami si parfait.



Fin du deuxième acte.