Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/178

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Clarimond.

La puissance sur moi que je vous ai donnée…

Daphnis.

D’aucune exception ne doit être bornée.

Clarimond.

Essayez autrement ce pouvoir souverain.

Daphnis.

Cet essai me fait voir que je commande en vain.

Clarimond.

C’est un injuste essai qui ferait ma ruine.

Daphnis.

Ce n’est plus obéir depuis qu’on examine.

Clarimond.

Mais l’amour vous défend un tel commandement.

Daphnis.

Et moi, je me défends un plus doux traitement.

Clarimond.

Avec ce beau visage avoir le cœur de roche !

Daphnis.

Si le mien s’endurcit, ce n’est qu’à votre approche.

Clarimond.

Que je sache du moins d’où naissent vos froideurs.

Daphnis.

Peut-être du sujet qui produit vos ardeurs.

Clarimond.

Si je brûle, Daphnis, c’est de nous voir ensemble.

Daphnis.

Et c’est de nous y voir, Clarimond, que je tremble.

Clarimond.

Votre contentement n’est qu’à me maltraiter.

Daphnis.

Comme le vôtre n’est qu’à me persécuter.