Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/209

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Parle d’ôter la vie à qui te l’a donnée !
Je t’aime, et je t’oblige à m’avoir en horreur,
Et ne connais encor qu’à peine mon erreur !
Si je suis sans respect pour ce que tu respectes,
Que mes affections ne t’en soient pas suspectes ;
De plus réglés transports me feraient trahison ;
Si j’avais moins d’amour, j’aurais de la raison :
C’est peu que de la perdre, après t’avoir perdue ;
Rien ne sert plus de guide à mon âme éperdue :
Je condamne à l’instant ce que j’ai résolu ;
Je veux, et ne veux plus sitôt que j’ai voulu.
Je menace Géraste, et pardonne à ton père ;
Ainsi rien ne me venge, et tout me désespère.


Scène IX

Florame, Célie.
Florame, en soupirant.

Célie…

Célie.

Célie… Eh bien, Célie ? enfin elle a tant fait
Qu’à vos désirs Géraste accorde leur effet.
Quel visage avez-vous ? votre aise vous transporte.

Florame.

Cesse d’aigrir ma flamme en raillant de la sorte,
Organe d’un vieillard qui croit faire un bon tour
De se jouer de moi par une feinte amour.
Si tu te veux du bien, fais-lui tenir promesse :
Vous me rendrez tous deux la vie ou ma maîtresse ;