Mais après il s’en tait, et moi j’y remédie ;
Il m’en donne un avis sans me les reprocher,
Et, me les découvrant, il m’aide à les cacher.
Ne présumiez-vous point que j’irois, à mains jointes,
Les yeux enflés de pleurs, et le cœur de soupirs,
Vous faire offre à genoux de mille repentirs ?
Que vous êtes à plaindre étant si fort déçue !
Insolent ! ôte-toi pour jamais de ma vue.
Me défendre vos yeux après mon changement,
Appelez-vous cela du nom de châtiment ?
Ce n’est que me bannir du lieu de mon supplice ;
Et ce commandement est si plein de justice,
Que bien que je renonce à vivre sous vos lois[1],
Je vais vous obéir pour la dernière fois.
Scène III.
Commandement honteux, où ton obéissance
N’est qu’un signe trop clair de mon peu de puissance,
Où ton bannissement a pour toi des appas,
Et me devient cruel de ne te l’être pas !
À quoi se résoudra désormais ma colère,
Si ta punition te tient lieu de salaire ?
Que mon pouvoir me nuit ! et qu’il m’est cher vendu !
Voilà ce que me vaut d’avoir trop attendu[2] :