Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/363

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Et semble reprocher à ma fidélité
D’avoir osé tenir contre tant de beauté.


Scène III.

Jason, Créuse, Cléone.


Jason.

Que votre zèle est long, et que d’impatience
Il donne à votre amant, qui meurt en votre absence !

Créuse.

Je n’ai pas fait pourtant au ciel beaucoup de vœux ;
Ayant Jason à moi, j’ai tout ce que je veux.

Jason.

Et moi, puis-je espérer l’effet d’une prière
Que ma flamme tiendrait à faveur singulière ?
Au nom de notre amour, sauvez deux jeunes fruits
Que d’un premier hymen la couche m’a produits ;
Employez-vous pour eux, faites auprès d’un père
Qu’ils ne soient point compris en l’exil de leur mère ;
C’est lui seul qui bannit ces petits malheureux,
Puisque dans les traités il n’est point parlé d’eux.

Créuse.

J’avais déjà pitié de leur tendre innocence,
Et vous y servirai de toute ma puissance,
Pourvu qu’à votre tour vous m’accordiez un point
Que jusques à tantôt je ne vous dirai point.