Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/401

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C’est pour eux que je change ; et la Parque, sans eux,
Seule de notre hymen pourrait rompre les nœuds.

Médée.

Cet amour paternel, qui te fournit d’excuses,
Me fait souffrir aussi que tu me les refuses,
Je ne t’en presse plus ; et prête à me bannir,
Je ne veux plus de toi qu’un léger souvenir.

Jason.

Ton amour vertueux fait ma plus grande gloire ;
Ce serait me trahir qu’en perdre la mémoire :
Et le mien envers toi, qui demeure éternel,
T’en laisse en cet adieu le serment solennel.
Puissent briser mon chef les traits les plus sévères
Que lancent des grands dieux les plus âpres colères ;
Qu’ils s’unissent ensemble afin de me punir,
Si je ne perds la vie avant ton souvenir !


Scène IV.

Médée, Nérine.


Médée.

J’y donnerai bon ordre ; il est en ta puissance
D’oublier mon amour, mais non pas ma vengeance ;
Je la saurai graver en tes esprits glacés
Par des coups trop profonds pour en être effacés.
Il aime ses enfants, ce courage inflexible :
Son faible est découvert ; par eux il est sensible,
Par eux mon bras, armé d’une juste rigueur,
Va trouver des chemins à lui percer le cœur.