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ACTE IV.


Scène première.

Médée, Nérine.


Médée, seule dans sa grotte magique.

C’est trop peu de Jason que ton œil me dérobe,
C’est trop peu de mon lit, tu veux encor ma robe,
Rivale insatiable ; et c’est encor trop peu,
Si, la force à la main, tu l’as sans mon aveu ;
Il faut que par moi-même elle te soit offerte,
Que perdant mes enfants, j’achète encor leur perte ;
Il en faut un hommage à tes divins attraits,
Et des remerciements au vol que tu me fais.
Tu l’auras ; mon refus serait un nouveau crime :
Mais je t’en veux parer pour être ma victime,
Et sous un faux semblant de libéralité,
Soûler, et ma vengeance, et ton avidité.
Le charme est achevé, tu peux entrer, Nérine.
(Nérine entre, et Médée continue.)
Mes maux dans ces poisons trouvent leur médecine :
Vois combien de serpents à mon commandement
D’Afrique jusqu’ici n’ont tardé qu’un moment,
Et contraints d’obéir à mes charmes funestes,