Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 2.djvu/433

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À qui sait bien aimer il n’est rien d’impossible.
Eusses-tu pour retraite un roc inaccessible,
Tigresse, tu mourras ; et malgré ton savoir,
Mon amour te verra soumise à son pouvoir ;
Mes yeux se repaîtront des horreurs de ta peine :
Ainsi le veut Créuse, ainsi le veut ma haine.
Mais quoi ! je vous écoute, impuissantes chaleurs !
Allez, n’ajoutez plus de comble à mes malheurs.
Entreprendre une mort que le ciel s’est gardée,
C’est préparer encore un triomphe à Médée.
Tourne avec plus d’effet sur toi-même ton bras,
Et punis-toi, Jason, de ne la punir pas.
Vains transports, où sans fruit mon désespoir s’amuse,
Cessez de m’empêcher de rejoindre Créuse.
Ma reine, ta belle âme, en partant de ces lieux,
M’a laissé la vengeance, et je la laisse aux dieux ;
Eux seuls, dont le pouvoir égale la justice,
Peuvent de la sorcière achever le supplice.
Trouve-le bon, chère ombre, et pardonne à mes feux
Si je vais te revoir plus tôt que tu ne veux.
(Il se tue.)




Fin du cinquième et dernier acte.