Unissez-vous ensemble, et faites une armée,
Pour combattre une main de la sorte animée :
Joignez tous vos efforts contre un espoir si doux ;
Pour en venir à bout, c’est trop peu que de vous.
Scène II.
Qui fais un crime de mes feux ?
T’écouterai-je, amour, dont la douce puissance
Contre ce fier tyran fait révolter mes vœux[1] ?
Pauvre princesse, auquel des deux
Dois-tu prêter obéissance ?
Rodrigue, ta valeur te rend digne de moi ;
Mais pour être vaillant, tu n’es pas fils de roi.
Impitoyable sort, dont la rigueur sépare
Ma gloire d’avec mes désirs !
Est-il dit que le choix d’une vertu si rare
Coûte à ma passion de si grands déplaisirs ?
Ô cieux ! à combien de soupirs
Faut-il que mon cœur se prépare,
Si jamais il n’obtient sur un si long tourment[2]
Ni d’éteindre l’amour, ni d’accepter l’amant !
Mais c’est trop de scrupule, et ma raison s’étonne[3]
Du mépris d’un si digne choix :
Bien qu’aux monarques seuls ma naissance me donne,