Par des vœux impuissants s’acquittent vers leurs princes ;
Tous les peuvent aimer, mais tous ne peuvent pas
Par d’illustres effets assurer leurs États ;
Et l’art et le pouvoir d’affermir des couronnes
Sont des dons que le ciel fait à peu de personnes[1].
De pareils serviteurs sont les forces des rois,
Et de pareils aussi sont au-dessus des lois.
Qu’elles se taisent donc ; que Rome dissimule
Ce que dès sa naissance elle vit en Romule :
Elle peut bien souffrir en son libérateur
Ce qu’elle a bien souffert en son premier auteur.
Vis donc, Horace, vis, guerrier trop magnanime :
Ta vertu met ta gloire au-dessus de ton crime ;
Sa chaleur généreuse a produit ton forfait[2] ;
D’une cause si belle il faut souffrir l’effet.
Vis pour servir l’État ; vis, mais aime Valère :
Qu’il ne reste entre vous ni haine ni colère ;
Et soit qu’il ait suivi l’amour ou le devoir,
Sans aucun sentiment résous-toi de le voir.
Sabine, écoutez moins la douleur qui vous presse[3] ;
Chassez de ce grand cœur ces marques de foiblesse :
- ↑ Ces deux vers rappellent, bien que la pensée soit toute différente, la fin de cette phrase de Malherbe (voyez l’édition de M. L. Lalanne, tome I, p. 188).
Apollon à portes ouvertes
Laisse indifféremment cueillir
Les belles feuilles toujours vertes
Qui gardent les noms de vieillir ;
Mais l’art d’en faire les couronnes
N’est pas su de toutes personnes… - ↑ Var. Ta chaleur généreuse a produit ton forfait. (1647 et 55 A.)
Var. Sa chaleur dangereuse a produit ton forfait. (1656) - ↑ Var. Le Roi se lève, et tous le suivent hormis Julie.
Scène IV.
Julie.
Camille, ainsi le ciel t’avoit bien avertie
Des tragiques succès qu’il t’avoit préparés ;