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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/140

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Il est regrettable que Corneille ne nous ait pas nommé le comédien qui remplissait le rôle de Dorante. Il est vrai qu’à en croire l’auteur de la Lettre sur la vie et les ouvrages de Molière, publiée en 1740, et que nous avons déjà eu occasion de citer[1], c’est Bellerose qui « a joué le rôle du Menteur d’original. Le cardinal de Richelieu lui avoit fait présent d’un habit magnifique pour le jouer, ce qui piqua si fort l’acteur qui jouoit le rôle d’Alcippe, qui étoit fort inférieur au rôle du Menteur, qu’il fit valoir Alcippe autant et plus qu’il ne pouvoit valoir[2]. » Mais ce récit paraît difficile à concilier avec le vers où Corneille nous dit que sa pièce a été jouée au Marais. En effet, à l’époque où le Menteur fut représenté pour la première fois, Pierre le Messier, dit Bellerose, était encore chef de la troupe de l’hôtel de Bourgogne. Chapuzeau nous apprend que ce fut en 1643 que Floridor entra dans la troupe royale et y remplit les fonctions d’orateur, dont jusqu’alors Bellerose s’était chargé[3]. Ce fut sans doute alors que Floridor lui succéda : « Floridor, dit Tallemant, las d’être au Marais avec de méchants comédiens, acheta la place de Bellerose, avec ses habits, moyennant vingt mille livres ; cela ne s’étoit jamais vu. La pension que le Roi donne aux comédiens de l’hôtel de Bourgogne, le chef tenant part et demie, est ce qui faisoit donner cet argent[4]. »

On s’est demandé quel était l’acteur qui remplissait le rôle d’Alcippe, et l’on a cru que c’était Beauchâteau ; mais cette conjecture est évidemment fausse, puisque Beauchâteau, comme Bellerose, appartenait à l’hôtel de Bourgogne[5].

    mari, et Jodelet même, allèrent à l’hôtel de Bourgogne » (tome VII, p. 174) » ajoute dans la même Historiette : « Jodelet, pour un fariné naïf, est un bon acteur ; il n’y a plus de farce qu’au Marais, où il est, et c’est à cause de lui qu’il y en a. Il dit une plaisante chose au Timocrate du jeune Corneille » (p. 176 et 177). Or, suivant les frères Parfait, le Timocrate, tragédie de Th. Corneille, a été représenté au Marais en 1656.

  1. Voyez la notice de Cinna, tome III, p. 364
  2. Mercure de France, mai 1740, p. 847 et 848.
  3. Pages 276-278.
  4. Historiettes, tome VII, p. 176.
  5. Voyez Lemazurier, Galerie historique, tome I, p. 129 ; les Œuvres de Corneille, édition de Lefèvre, tome V, p. 10, note 2. — Le Journal du Théâtre françois donne pour le Menteur une liste d’ac-