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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/184

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CLARICE.

Pour me justifier vous demandez de moi,
Alcippe ?

ALCIPPE.

Alcippe ?Deux baisers, et ta main, et ta foi.

CLARICE.

Que cela ?

ALCIPPE.

Que cela ?Résous-toi, sans plus me faire attendre.

CLARICE.

Je n’ai pas le loisir, mon père va descendre.


Scène IV.

ALCIPPE.

535Va, ris de ma douleur alors que je te perds ;
Par ces indignités romps toi-même mes fers ;
Aide mes feux trompés à se tourner en glace ;
Aide un juste courroux à se mettre en leur place.
Je cours à la vengeance, et porte à ton amant
540Le vif et prompt effet de mon ressentiment[1].
S’il est homme de cœur, ce jour même nos armes
Régleront par leur sort tes plaisirs ou tes larmes[2] ;
Et plutôt que le voir possesseur de mon bien,
Puissé-je dans son sang voir couler tout le mien !
545Le voici, ce rival, que son père t’amène :
Ma vieille amitié cède à ma nouvelle haine ;

    de Montaigne : « C’est une desplaisante coustume, et injurieuse aux dames, d’avoir à prester leurs lèvres à quiconque a trois valets à sa suitte, pour mal plaisant qu’il soit. » (Essais, livre III, chapitre v.)

  1. Var. Le redoutable effet de mon ressentiment, (1644-56)
    Var. Le juste et prompt effet de mon ressentiment. (1660)
  2. Var. Régleront par le sort tes plaisirs ou tes larmes. (1644)