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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/222

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GÉRONTE.

Pyrandre ! tu m’as dit tantôt un autre nom :
C’étoit, je m’en souviens, oui, c’étoit Armédon.

DORANTE.

Oui, c’est là son nom propre, et l’autre d’une terre ;
Il portoit ce dernier quand il fut à la guerre,
1255Et se sert si souvent de l’un et l’autre nom,
Que tantôt c’est Pyrandre, et tantôt Armédon[1].

GÉRONTE.

C’est un abus commun qu’autorise l’usage,
Et j’en usois ainsi du temps de mon jeune âge.
Adieu : je vais écrire.


Scène V.

DORANTE, CLITON.
DORANTE.

Adieu : je vais écrire.Enfin j’en suis sorti.

CLITON.

1260Il faut bonne mémoire après qu’on a menti.

DORANTE.

L’esprit a secouru le défaut de mémoire.

CLITON.

Mais on éclaircira bientôt toute l’histoire.
Après ce mauvais pas où vous avez bronché,
Le reste encor longtemps ne peut être caché :
1265On le sait chez Lucrèce, et chez cette Clarice,

  1. Ici Cliton, frappé d’un étonnement mêlé d’admiration, saisit la basque de l’habit de Dorante et la baise. Je ne sais si ce jeu de scène est fort ancien ; il était pratiqué par Dazincourt, qui, à la vérité, en ajoutait souvent à ses rôles. Plusieurs, qui semblaient un peu outrés, ont été supprimés après lui ; mais celui-ci, adopté par M. Samson, qui a fait preuve en ces matières d’un goût si fin et si sûr, paraît définitivement consacré.