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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/226

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Quand elle aime à demi, de maltraiter le monde ?
Il n’en a cette nuit reçu que des mépris.
Chère amie, après tout, mon maître vaut son prix.
1325Ces amours à demi sont d’une étrange espèce ;
Et s’il vouloit me croire, il quitteroit Lucrèce.

SABINE.

Qu’il ne se hâte point, on l’aime assurément.

CLITON.

Mais on le lui témoigne un peu bien rudement ;
Et je ne vis jamais de méthodes pareilles.

SABINE.

1330Elle tient, comme on dit, le loup par les oreilles :
Elle l’aime, et son cœur n’y sauroit consentir,
Parce que d’ordinaire il ne fait que mentir.
Hier même elle le vit dedans les Tuileries,
Où tout ce qu’il conta n’étoit que menteries.
1335Il en a fait autant depuis à deux ou trois.

CLITON.

Les menteurs les plus grands disent vrai quelquefois.

SABINE.

Elle a lieu de douter et d’être en défiance.

CLITON.

Qu’elle donne à ses feux un peu plus de croyance :
Il n’a fait toute nuit que soupirer d’ennui.

SABINE.

1340Peut-être que tu mens aussi bien comme lui.

CLITON.

Je suis homme d’honneur ; tu me fais injustice.

SABINE.

Mais dis-moi, sais-tu bien qu’il n’aime plus Clarice ?

CLITON.

Il ne l’aima jamais.

SABINE.

Il ne l’aima jamais.Pour certain ?