Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/337

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PHILISTE.

650Je prends congé de vous pour vous aller servir.
Cliton divertira votre mélancolie.


Scène V.

DORANTE, CLITON.
CLITON.

Comment va maintenant l’amour ou la folie[1] ?
Cette dame obligeante au visage inconnu,
Qui s’empare des cœurs avec son revenu,
655Est-elle encore aimable ? a-t-elle encore des charmes ?
Par générosité lui rendons-nous les armes[2] ?

DORANTE.

Cliton, je la tiens belle, et m’ose figurer
Qu’elle n’a rien en soi qu’on ne puisse adorer.
Qu’en imagines-tu ?

CLITON.

Qu’en imagines-tu ?J’en fais des conjectures
660Qui s’accordent fort mal avec vos figures.
Vous payer par avance, et vous cacher son nom,
Quoi que vous présumiez, ne marque rien de bon.
À voir ce qu’elle a fait, et comme elle procède,
Je jurerois, Monsieur, qu’elle est ou vieille ou laide,
665Peut-être l’une et l’autre, et vous a regardé
Comme un galant commode, et fort incommodé[3].

DORANTE.

Tu parles en brutal.

CLITON.

Tu parles en brutal.Vous, en visionnaire.
Mais si je disois vrai, que prétendez-vous faire ?

  1. Var. Comme va maintenant l’amour ou la folie ? (1645-60)
  2. Var. Par générosité lui rendrons-nous les armes ? (1645-68)
  3. Var. Comme un galant commode, assez incommodé. (1645-56)