Comme toutes les deux jouënt leurs personnages !
N’est que pour voir l’amour par l’état qu’on en fait.
C’est peut-être après tout le dessein de Madame[1] :
Ma sœur, non plus que moi, ne lit pas dans son âme.
En ces occasions il fait bon hasarder[2],
Et de force ou de gré je saurois le garder.
Si vous l’aimez, Monsieur, croyez qu’en son courage
Elle vous aime assez pour vous laisser ce gage :
Ce seroit vous traiter avec trop de rigueur,
Puisque avant ce portrait on aura votre cœur ;
Et je la trouverois d’une humeur bien étrange,
Si je ne lui faisois accepter cette échange[3].
Je l’entreprends pour vous, et vous répondrai bien
Qu’elle aimera ce gage autant comme le sien.
Ô ciel ! et de quel nom faut-il que je te nomme ?
[4] ;
Quand l’un veut tout tuer, l’autre rabat les coups ;
L’un jure comme un diable, et l’autre file doux.
Les belles, n’en déplaise à tout votre grimoire !
Vous vous entr’entendez comme larrons en foire.
Que dit cet insolent ?
- ↑ Var. Que sait-on si c’est point le dessein de Madame ? (1645-56)
- ↑ Var. Si j’étois que de vous, je voudrois hasarder,
Et de force ou de gré je le saurois garder. (1645-56) - ↑ Les éditions de 1663-82 donnent cette échange, au féminin ; les précédentes et celle de 1692 font le mot masculin : cet échange.
- ↑ Var. Ainsi font deux soldats logés chez le bonhomme (a). (1645-68)
(a) L’édition de 1692 et Voltaire, dans la sienne, ont adopté cette variante.