Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 4.djvu/362

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Mais sans doute ils en font ainsi que bon leur semble.
1130Tandis, ce soir chez moi nous souperons ensemble ;
Dans un moment ou deux vous y pourrez venir ;
Nous aurons tout loisir de nous entretenir[1],
Et vous prendrez le temps de voir votre lingère.
Ils m’ont dit toutefois qu’il seroit nécessaire
1135De coucher pour la forme un moment en prison,
Et m’en ont sur-le-champ rendu quelque raison ;
Mais c’est si peu mon jeu que de telles matières,
Que j’en perds aussitôt les plus belles lumières.
Vous sortirez demain, il n’est rien de plus vrai :
1140C’est tout ce que j’en aime, et tout ce que j’en sai.

DORANTE.

Que ne vous dois-je point pour de si bons offices !

PHILISTE.

Ami, ce ne sont là que de petits services ;
Je voudrois pouvoir mieux, tout me seroit fort doux.
Je vais chercher du monde à souper avec vous.
1145Adieu : je vous attends au plus tard dans une heure.


Scène V.

DORANTE, CLITON[2].
DORANTE.

Tu ne dis mot, Cliton.

CLITON.

Tu ne dis mot, Cliton.Elle est belle, ou je meure !

  1. Ce vers se retrouve presque textuellement dans les Plaideurs de Racine, acte II, scène i :
    « Vous aurez tout moyen de vous entretenir. »
  2. Les éditions de 1664-82 et, à leur exemple, celle de 1692 ajoutent LYSE aux personnages de cette scène. C’est une erreur évidente : voyez p. 346, note 1.