Dont il ne rende hommage au pouvoir de mes yeux ;
Et de la même main dont il quitte l’épée,
Fumante encore du sang des amis de Pompée,
Il trace des soupirs, et d’un style plaintif
Dans son champ de victoire il se dit mon captif.
Oui, tout victorieux il m’écrit de Pharsale ;
Et si sa diligence à ses feux est égale,
Ou plutôt si la mer ne s’oppose à ses feux,
L’Égypte le va voir me présenter ses vœux.
Il vient, ma Charmion, jusque dans nos murailles,
Chercher auprès de moi le prix de ses batailles,
M’offrir toute sa gloire, et soumettre à mes lois
Ce cœur et cette main qui commandent aux rois[1] ;
Et ma rigueur, mêlée aux faveurs de la guerre,
Feroit un malheureux du maître de la terre.
J’oserois bien jurer que vos charmants appas[2]
Se vantent d’un pouvoir dont ils n’useront pas,
Et que le grand César n’a rien qui l’importune,
Si vos seules rigueurs ont droit sur sa fortune.
Mais quelle est votre attente, et que prétendez-vous,
Puisque d’une autre femme il est déjà l’époux,
Et qu’avec Calphurnie[3] un paisible hyménée
Par des liens sacrés tient son âme enchaînée ?
Le divorce, aujourd’hui si commun aux Romains,
Peut rendre en ma faveur tous ces obstacles vains :
- ↑ Var. Et le cœur et la main qui les donnent aux rois ;
Si bien que ma rigueur, ainsi que le tonnerre,
Peut faire un malheureux du maître de la terre. (1644-56) - ↑ Var. J’oserois bien jurer que vos divins appas. (1644-63)
- ↑ Les éditions de 1644 portent seules : « Calpurnie, » au lieu de : « Calphurnie. » — On trouve dans les inscriptions l’une et l’autre orthographe ; la seconde (Calpurnius, Calpurnia) est la plus ordinaire.