Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/185

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Et, ministre insolent d’un prince furieux,
Couvrir de cette honte un nom si glorieux,
Ingrat à mon ami, perfide à ce que j’aime,
Cruel à la princesse, odieux à moi-même !
Je te connais, Léonce, et mieux que tu ne crois ;
Je sais ce que tu vaux, et ce que je te dois.
Son bonheur est le mien, Madame, et je vous donne
Léonce et Martian en la même personne ;
C’est Martian en lui que vous favorisez.
Opposons la constance aux périls opposés.
Je vais près de Phocas essayer la prière,
Et, si je n’en obtiens la grâce tout entière,
Malgré le nom de père, et le titre de fils,
Je deviens le plus grand de tous ses ennemis.
Oui, si sa cruauté s’obstine à votre perte,
J’irai pour l’empêcher jusqu’à la force ouverte ;
Et puisse, si le ciel m’y voit rien épargner,
Un faux Héraclius en ma place régner !
Adieu, Madame.

Pulchérie

Adieu, Madame.Adieu, Prince trop magnanime.
Héraclius s’en va, et Pulchérie continue.
Prince digne en effet d’un trône acquis sans crime,
Digne d’un autre père. Ah ! Phocas ! Ah ! Tyran !
Se peut-il que ton sang ait formé Martian ?
Mais allons, cher Léonce, admirant son courage,
Tâcher de notre part à repousser l’orage :
Tu t’es fait des amis, je sais des mécontents,
Le peuple est ébranlé, ne perdons point de temps.
L’honneur te le commande et l’amour t’y convie.

Martian

Pour otage en ses mains ce tigre a votre vie