Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/198

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Et, m’ayant tout conté : « Tiens, dit-il, Exupère,
Sers ton prince, et venge ton père. »
Armé d’un tel secret, Seigneur, j’ai voulu voir
Combien parmi le peuple il aurait de pouvoir :
J’ai fait semer ce bruit sans vous faire connaître,
Et, voyant tous les cœurs vous souhaiter pour maître,
J’ai ligué du tyran les secrets ennemis,
Mais sans leur découvrir plus qu’il ne m’est permis.
Ils aiment votre nom, sans savoir davantage,
Et cette seule joie anime leur courage,
Sans qu’autres que les deux qui vous parlaient là-bas
De tout ce qu’elle a fait sachent plus que Phocas.
Vous venez de savoir ce que vous vouliez d’elle ;
C’est à vous de répondre à son généreux zèle.
Le peuple est mutiné, nos amis assemblés,
Le tyran effrayé, ses confidents troublés.
Donnez l’aveu au prince à sa mort qu’on apprête,
Et ne dédaignez pas d’ordonner de sa tête.

Martian

Surpris des nouveautés d’un tel événement,
Je demeure à vos yeux muet d’étonnement.
Je sais ce que je dois, Madame, au grand service
Dont vous avez sauvé l’héritier de Maurice.
Je croyais comme fils devoir tout à vos soins,
Et je vous dois bien plus lorsque je vous suis moins,