Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/210

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Phocas

Et vous l’avez gagnée en faveur de mon fils ?

Martian

Il sera son époux, elle me l’a promis.

Phocas

C’est beaucoup obtenir d’une âme si rebelle.
Mais quand ?

Martian

C’est un secret que je n’ai pas su d’elle.

Phocas

Vous pouvez m’en dire un dont je suis plus jaloux.
On dit qu’Héraclius est fort connu de vous ;
Si vous aimez mon fils, faites-le moi connaître.

Martian

Vous le connaissez trop, puisque je vois ce traître.

Exupère

Je sers mon empereur, et je sais mon devoir.

Martian

Chacun te l’avouera ; tu le fais assez voir.

Phocas

De grâce, éclaircissez ce que je vous propose.
Ce billet à demi m’en dit bien quelque chose ;
Mais, Léonce, c’est peu si vous ne l’achevez.

Martian

Nommez-moi par mon nom, puisque vous le savez.
Dites Héraclius : il n’est plus de Léonce,
Et j’entends mon arrêt sans qu’on me le prononce.

Phocas

Tu peux bien t’y résoudre après ton vain effort
Pour m’arracher le sceptre et conspirer ma mort.