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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/446

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DOMLOPE

Eh bien ! Seigneur marquis, nous direz-vous, de grâce,
Ce que, pour vous gagner, il est besoin qu’on fasse ?
Vous êtes notre juge, il faut vous adoucir.

CARLOS

Vous y pourriez peut-être assez mal réussir.
Quittez ces contre-temps de froide raillerie.

DOM MANRIQUE

Il n’en est pas saison, quand il faut qu’on vous prie.

CARLOS

Ne raillons, ni prions, et demeurons amis.
Je sais ce que la reine en mes mains a remis ;
J’en userai fort bien : vous n’avez rien à craindre,
Et pas un de vous trois n’aura lieu de se plaindre.
Je n’entreprendrai point de juger entre vous
Qui mérite le mieux le nom de son époux :
Je serais téméraire, et m’en sens incapable ;
Et peut-être quelqu’un m’en tiendrait récusable.
Je m’en récuse donc, afin de vous donner
Un juge que sans honte on ne peut soupçonner ;
Ce sera votre épée et votre bras lui-même.
Comtes, de cet anneau dépend le diadème :
Il vaut bien un combat ; vous avez tous du cœur,
Et je le garde…

DOM LOPE

À qui, Carlos ?