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ACTE V



Scène 1



DOM ALVAR

Enfin, après un sort à mes vœux si contraire,
Je dois bénir le ciel qui vous renvoie un frère ;
Puisque de notre reine il doit être l’époux,
Cette heureuse union me laisse tout à vous.
Je me vois affranchi d’un honneur tyrannique,
D’un joug que m’imposait cette faveur publique,
D’un choix qui me forçait à vouloir être roi :
Je n’ai plus de combat à faire contre moi,
Plus à craindre le prix d’une triste victoire ;
Et l’infidélité que vous faisait ma gloire
Consent que mon amour, de ses lois dégagé,
Vous rende un inconstant qui n’a jamais changé.

DONA ELVIRE

Vous êtes généreux, mais votre impatience
Sur un bruit incertain prend trop de confiance ;
Et cette prompte ardeur de rentrer dans mes fers
Me console trop tôt d’un trône que je perds.
Ma perte n’est encore qu’une rumeur confuse
Qui du nom de Carlos, malgré Carlos, abuse ;
Et vous ne savez pas, à vous en bien parler,
Par quelle offre et quels vœux on m’en peut consoler.
Plus que vous ne pensez la couronne m’est chère ;