Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/557

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Ce bien de vos aïeux, ces prix de votre sang,
Ne mettront point Attale en votre illustre rang ;
Et, puisque leur partage est pour vous un supplice,
Rome n’a pas dessein de vous faire injustice.
Ce prince régnera sans rien prendre sur vous.

(à Prusias.)
La reine d’Arménie a besoin d’un époux,
Seigneur, l’occasion ne peut être plus belle ;
Elle vit sous vos lois, et vous disposez d’elle.

Nicomède. Voilà le vrai secret de faire Attale roi,
Comme vous l’avez dit, sans rien prendre sur moi.
La pièce est délicate, et ceux qui l’ont tissue
A de si longs détours font une digne issue.
Je n’y réponds qu’un mot, étant sans intérêt.
Traitez cette princesse en reine comme elle est ;
Ne touchez point en elle aux droits du diadème :
Ou pour les maintenir je périrai moi-même.
Je vous en donne avis, et que jamais les rois,
Pour vivre en nos Etats, ne vivent sous nos lois ;
Qu’elle seule en ces lieux d’elle-même dispose.

Prusias. N’avez-vous, Nicomède, à lui dire autre chose ?

Nicomède. Non, seigneur, si ce n’est que la reine, après tout,
Sachant ce que je puis, me pousse trop à bout.

Prusias. Contre elle dans ma cour que peut votre insolence ?

Nicomède. Rien du tout, que garder ou rompre le silence.
Une seconde fois avisez, s’il vous plaît,
A traiter Laodice en reine comme elle est :
C’est moi qui vous en prie.