Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/591

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ACTE V

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Scène I

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Arsinoé, Attale
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Arsinoé. J’ai prévu ce tumulte et n’en vois rien a craindre ;
Comme un moment l’allume, un moment peut l’éteindre ;
Et si l’obscurité laisse croître ce bruit,
Le jour dissipera les vapeurs de la nuit.
Je me fâche bien moins qu’un peuple se mutine,
Que de voir que ton cœur dans son amour s’obstine,
Et, d’une indigne ardeur lâchement embrasé,
Ne rend point de mépris à qui t’a méprisé.
Venge-toi d’une ingrate, et quitte une cruelle.
A présent que le sort t’a mis au-dessus d’elle,
Son trône, et non ses yeux, avait dû te charmer.
Tu vas régner sans elle ; à quel propos l’aimer ?
Porte, porte ce cœur à de plus douces chaînes.
Puisque te voilà roi, l’Asie a d’autres reines,
Qui, loin de te donner des rigueurs à souffrir,
T’épargneront bientôt la peine de t’offrir..

Attale. Mais, madame…

Arsinoé. Hé bien ! soit, je veux qu’elle se rende :