Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/600

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Peut-on voir un orgueil à votre orgueil égal !
Vous, par qui seule ici tout ce désordre arrive ;
Vous, qui dans ce palais vous voyez ma captive ;
Vous, qui me répondrez au prix de votre sang
De tout ce qu’un tel crime attente sur mon rang,
Vous me parlez encore avec la même audace
Que si j’avais besoin de vous demander grâce !

Laodice. Vous obstiner, madame, à me parler ainsi,
C’est ne vouloir pas voir que je commande ici,
Que, quand il me plaira, vous serez ma victime.
Et ne m’imputez point ce grand désordre à crime :
Votre peuple est coupable, et dans tous vos sujets
Ces cris séditieux sont autant de forfaits :
Mais pour moi, qui suis reine, et qui, dans nos querelles,
Pour triompher de vous, vous ai fait ces rebelles,
Par le droit de la guerre il fut toujours permis
D’allumer la révolte entre ses ennemis :
M’enlever mon époux, c’est vous faire la mienne.

Arsinoé. Je la suis donc, madame, et, quoi qu’il en advienne,
Si ce peuple une fois enfonce le palais,
C’est fait de votre vie, et je vous le promets.

Laodice. Vous tiendrez mal parole, ou bientôt sur ma tombe
Tout le sang de vos rois servira d’hécatombe.
Mais avez-vous encor parmi votre maison
Quelque autre Métrobate ou quelque autre Zenon ?