Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 5.djvu/604

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A l’absolu pouvoir des fureurs ennemies ;
N’attendons pas leur ordre, et montrons-nous jaloux
De l’honneur qu’ils auraient à disposer de nous.

Laodice. Ce désespoir, madame, offense un si grand homme
Plus que vous n’avez fait, en l’envoyant à Rome.
Vous devez le connaître ; et, puisqu’il a ma foi,
Vous devez présumer qu’il est digne de moi :
Je le désavouerais, s’il n’était magnanime,
S’il manquait à remplir l’effort de mon estime,
S’il ne faisait paraître un cœur toujours égal.
Mais le voici, voyez si je le connais mal.


Scène X

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Prusias, Nicomède, Arsinoé, Laodice, Flaminius, Attale, Cléone
.


Nicomède. Tout est calme, seigneur : un moment de ma vue
A soudain apaisé la populace émue.

Prusias. Quoi ! me viens-tu braver jusque dans mon palais,
Rebelle ?

Nicomède. C’est un nom que je n’aurai jamais.
Je ne viens point ici montrer à votre haine
Un captif insolent d’avoir brisé sa chaîne ;
Je viens, en bon sujet, vous rendre le repos
Que d’autres intérêts troublaient mal à propos.
Non que je veuille à Rome imputer quelque crime :
Du grand art de régner elle suit la maxime ;
Et son ambassadeur ne fait que