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PERTHARITE

beaucoup contribué ; et je me flatte jusqu’à penser que mes soins n’y ont pas nui : il en viendra de plus heureux après nous qui le mettront à sa perfection, et achèveront de l’épurer ; je le souhaite de tout mon cœur. Cependant agréez que je joigne ce malheureux poëme aux vingt et un qui l’ont précédé avec plus d’éclat ; ce sera la dernière importunité que je vous ferai de cette nature : non que j’en fasse une résolution si forte qu’elle ne se puisse rompre ; mais il y a grande apparence que j’en demeurerai là. Je ne vous dirai rien pour la justification de Pertharite : ce n’est pas ma coutume de m’opposer au jugement du public ; mais vous ne serez pas fâché que je vous fasse voir à mon ordinaire les originaux dont j’ai tiré cet événement, afin que vous puissiez séparer le faux d’avec le vrai, et les embellissements de nos feintes d’avec la pureté de l’histoire. Celui qui l’a écrite[1] le premier a été Paul Diacre[2], à la fin de son quatrième livre, et au commencement du cinquième, des Gestes des Lombards ; et pour n’y mêler rien du mien, je vous en donne la traduction fidèle[3] qu’en a faite Antoine du Verdier dans ses Diverses leçons[4] ; j’y ajoute un mot d’Erycus Puteanus[5], pour quelques circonstances en quoi ils diffèrent, et je le laisse en latin de peur de corrompre la beauté de son langage par la foiblesse de mes expressions. Flavius Blon-

  1. Dans le recueil de 1656, il y a écrit, sans accord.
  2. Paul, diacre de l’Église d’Aquilée, notaire ou chancelier de Didier, roi des Lombards, naquit, dit-on, vers 740 et mourut vers 790. Son histoire des Lombards, dont parle ici Corneille (de Gestis Longobardorum libri sex), commence à leur sortie de la Scandinavie et finit à la mort de Luitprand en 744.
  3. Il serait plus juste de dire : « la traduction très-libre, » mais au temps de Corneille on ne se faisait pas la même idée qu’aujourd’hui de la fidélité d’une traduction.
  4. Voyez ci-après, p. 8, note 1.
  5. Voyez p. 14, note 1.