Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/253

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monstres de la dévorer ; puis tout à coup se remettant en l’esprit que ce seroit se sacrifier à sa rivale, elle leur crie qu’ils n’avancent pas. Cette défense qu’elle leur fait est répétée par une voix cachée qui chante ces paroles :

Monstres, n’avancez pas, une reine l’ordonne[1]

Les monstres s’arrêtent en même temps, et comme Hypsipyle ne sait à qui attribuer une protection si surprenante, la même voix ajoute :

C’est l’Amour qui fait ce miracle[2]

Soudain une nuée descend en terre, et s’y séparant en deux ou trois, qui se perdent en divers endroits du théâtre, elle y laisse le prince Absyrte, qui en étoit enveloppé. Ce prince amoureux commande à ces monstres de disparoître, ce qu’ils font aussitôt, les uns en s’envolant, et les autres en fondant sous terre. Après quoi, il donne la main à cette reine effrayée, pour sortir d’un lieu si dangereux pour elle.




ACTE QUATRIÈME.




[3] Médée y paroît seule, dans une profonde rêverie ; Absyrte l’aborde, à qui elle demande compte du succès de leur artifice, et fait par là connoître aux spectateurs que toute cette épouvante du troisième acte n’étoit qu’un

  1. Voyez p. 313.
  2. Ibidem.
  3. Après les mots : « qu’on passe de la nuit au jour ; » voyez ci-après, p. 315.