Que j’approuve en pleurant la perte que j’ai faite,
Que je t’estime et t’aime avec ta lâcheté,
Et me prenne de tout à la fatalité.
Le ciel l’ordonne ainsi : ton change est légitime ;
Ton innocence est sûre au milieu de ton crime :
Et quand tes trahisons pressent leur noir effet,
Ta gloire, ton devoir, ton destin a tout fait.
Reprends, reprends, Jason, tes premières rudesses :
Leur coup m’est bien plus doux que tes fausses tendresses ;
Tes remords impuissants aigrissent mes douleurs :
Ne me rends point ton cœur, quand tu te vends ailleurs.
D’un cœur qu’on ne voit pas l’offre est lâche et barbare,
Quand de tout ce qu’on voit un autre objet s’empare ;
Et c’est faire un hommage et ridicule et vain
De présenter le cœur et retirer la main.
L’un et l’autre est à vous, si…
Ce que tu veux cacher se feroit trop paroître :
Un véritable amour ne parle point ainsi.
Trouvez donc les moyens de nous tirer d’ici.
La toison emportée, il agira, Madame,
Ce véritable amour qui vous donne mon âme ;
Sinon… Mais Dieux ! que vois-je ? Ô ciel ! je suis perdu,
Si l’ai tant de malheur quelle m’aye entendu.
Scène IV
Vous l’avez vu. Madame, êtes-vous satisfaite ?