Les captifs mal gardés ont droit de nous quitter.
J’avois quelque mérite, et n’ai pu l’arrêter.
J’en ai peu, mais enfin s’il fait plus que le vôtre ?
Vous avez lieu de croire en valoir bien un autre[1] ;
Mais prenez moins d’appui sur un cœur usurpé :
Il peut vous échapper, puisqu’il m’est échappé.
Votre esprit n’est rempli que de mauvais augures.
On peut sur le passé former ses conjectures.
Le passé mal conduit n’est qu’un miroir trompeur,
Où l’œil bien éclairé ne fonde espoir ni peur.
Si j’ai conçu pour vous des craintes mal fondées…
Laissons faire Jason, et gardons nos idées.
Avec sincérité je dois vous avouer
Que j’ai quelque sujet encor de m’en louer.
Avec sincérité je dois aussi vous dire
Qu’assez malaisément on sort de mon empire,
Et que quand jusqu’à moi j’ai permis d’aspirer,
On ne s’abaisse plus à vous considérer.
Profitez des avis que ma pitié vous donne.
- ↑ Var. Vous aurez lieu de croire en valoir bien une autre (a). (1661)
Var. Vous aurez lieu de croire en valoir bien un autre. (1663-68)
(a) Cette leçon a été reproduite dans l’édition de 1692 et dans celle de Voltaire (1764).