Hâtez, monstres, hâtez votre approche fatale.
Mais immoler ainsi ma vie à ma rivale !
Cette honte est pour moi pire que le trépas.
Je ne veux plus mourir ; monstres, n’avancez pas.
Monstres, n’avancez pas, une reine l’ordonne ;
Respectez ses appas ;
Suivez les lois qu’elle vous donne :
Monstres, n’avancez pas.
(Les monstres s’arrêtent sitôt que cette voix chante.)
Quel favorable écho, pendant que je soupire,
Répète mes frayeurs avec un tel empire ?
Et d’où vient que frappés par ces divins accents,
Ces monstres tout à coup deviennent impuissants ?
C’est l’amour qui fait ce miracle,
Et veut plus faire en ta faveur.
N’y mets donc point d’obstacle :
Aime qui t’aime, et donne cœur pour cœur.
Quel prodige nouveau ! cet amas de nuages
Vient-il dessus ma tête éclater en orages ?
Vous qui nous gouvernez, Dieux, quel est votre but ?
M’annoncez-vous par là ma perte ou mon salut ?
Le nuage descend, il s’arrête, il s’entr’ouvre ;
Et je vois… Mais, ô Dieux, qu’est-ce que j’y découvre ?
Seroit-ce bien le Prince ?
(Un nuage descend jusqu’à terre, et s’y séparant en deux moitiés, qui se perdent chacune de son côté, il laisse sur le théâtre le prince Absyrte.)