Voit en l’objet haï ce qu’il a d’estimable,
Et verroit en l’aimé ce qu’il y faut blâmer,
Si ce même devoir lui commandoit d’aimer.
Vous en savez beaucoup.
Je sais comme il faut vivre.
Vous êtes donc, Madame, un grand exemple à suivre.
Pour vivre l’âme saine, on n’a qu’à m’imiter[1].
Et qui veut vivre aimé n’a qu’à vous en conter ?
J’aime en vous un soupçon qui vous sert de supplice :
S’il me fait quelque outrage, il m’en fait bien justice.
Quoi ? vous refuseriez Grimoald pour époux ?
Si je veux l’accepter, m’en empêcherez-vous ?
Ce qui jusqu’à présent vous donne tant d’alarmes,
Sitôt qu’il me plaira, vous coûtera des larmes ;
Et quelque grand pouvoir que vous preniez sur moi,
Je n’ai qu’à dire un mot pour vous faire la loi.
N’aspirez point, Madame, où je voudrai prétendre :
Tout son cœur est à moi, si je daigne le prendre.
Consolez-vous pourtant : il m’en fait l’offre en vain ;
Je veux bien sa couronne, et ne veux point sa main.
Faites, si vous pouvez, revivre Pertharite,
Pour l’opposer aux feux dont votre amour s’irrite.
Produisez un fantôme, ou semez un faux bruit,
Pour remettre en vos fers un prince qui vous fuit ;
- ↑ Var. Qui veut vivre en repos, il n’a qu’à m’imiter. (1653-1656)