Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/581

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NOTICE.


Corneille cite les Histoires de Tacite comme la source où il a puisé le sujet d’Othon ; mais peut-être est-ce à la littérature italienne qu’il en a dû la première idée. En effet, en 1652, Ghirardelli, dont notre poëte connaissait fort bien les ouvrages[1], a fait représenter un Ottone.

Plusieurs témoignages contemporains nous prouvent que Corneille s’est très-sérieusement appliqué à sa tragédie d’Othon : « Quant aux vers, dit-il lui-même dans sa préface[2], on n’en a point vu de moi que j’aye travaillés avec plus de soin. » Il passait pour avoir refait jusqu’à trois fois le cinquième acte, et assurait que cet acte lui avait coûté plus de douze cents vers[3]. Il avait fait longtemps à l’avance, comme c’était sa coutume[4], des lectures de son ouvrage. Tallemant des Réaux nous l’apprend en ces termes dans un morceau curieux à recueillir : « Corneille a lu par tout Paris une pièce qu’il n’a pas encore fait jouer. C’est le couronnement d’Othon. Il n’a pris ce sujet que pour faire continuer les gratifications du Roi en son endroit ; car il ne fait préférer Othon à Pison par les conjurés qu’à cause, disent-ils, que Othon gouvernera lui-même et qu’il y a plaisir à travailler sous un prince qui tienne lui-même le timon ; d’ailleurs ce dévot y coule quelques vers pour excuser l’amour du Roi. Il va vous mettre sur le

  1. Voyez tome I, p. 71.
  2. Ci-après, p. 571.
  3. Histoire du Théâtre françois, tome IX, p. 322, note a, et notes manuscrites de Tralage à la bibliothèque de l’Arsenal, citées par M. Taschereau, Œuvres de Corneille, tome I, p. xxvi.
  4. Voyez ci-dessus, tome III, p. 254 et 465.