Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/583

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paroles de M. le maréchal de Gramont, grand-père du dernier maréchal de ce nom : « Corneille est le bréviaire des rois. »

Cette pièce fut jouée pour la première fois à Fontainebleau le 3 août 1664. Loret l’annonce en ces termes dans sa Muse historique du 2 du même mois :


Ce qu’illec je sus davantage,
C’est qu’Othon, excellent ouvrage,
Que Corneille plein d’un beau feu
A produit au jour depuis peu
De sa plume docte et dorée,
Devoit, la suivante soirée,
Ravir et charmer à son tour
Le légat et toute la cour.
Je l’appris de son auteur même,
Et j’eus un déplaisir extrême,
Qui me fit bien des fois pester,
De ne pouvoir encor rester
Pour voir dudit sieur Corneille
La fraîche et dernière merveille,
Que je verrai, s’il plaît à Dieu,
Quelque jour en quelqu’autre lieu.


Dans la Muse historique du 8 novembre on trouve le compte rendu suivant de la première représentation donnée à Paris :


À l’hôtel de Bourgogne on joue,
Depuis un jour ou deux, dit-on.
Un sujet que l’on nomme Othon,
Sujet romain, sujet sublime,
Et digne d’éternelle estime ;
Jamais de plus hauts sentiments,
Ni de plus rares ornements
Pièce ne fut si bien pourvue,
Je ne l’ai point encore vue,
Et je ne suis que le rapport
Que m’en fit hier maint esprit fort
Qui dit qu’elle est incomparable
Et que sa conduite admirable,
Dans Fontainebleau, l’autre jour,
Charma tous les grands de la cour.
Mais d’où lui vient cet avantage.
Et d’où vient que de cet ouvrage