Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 6.djvu/666

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MARTIAN.

Exécrable ! Ainsi donc ta promesse frivole…

ATTICUS.

Qui promet de trahir peut manquer de parole.
1735Si je n’eusse promis ce lâche assassinat,
Un autre par ton ordre eût commis l’attentat ;
Et tout ce que j’ai dit n’était qu’un stratagème
Pour livrer en ses mains Lacus et Galba même[1].
Galba n’a rien à craindre : on respecte son nom,
1740Et ce n’est que sous lui que veut régner Othon.
Quant à Lacus et toi, je vois peu d’apparence
Que vos jours à tous deux soient en même assurance,
Si ce n’est que Madame ait assez de bonté
Pour fléchir un vainqueur justement irrité.
1745Autour de ce palais nous avions deux cohortes,
Qui déjà pour Othon en ont saisi les portes ;
J’y commande, Madame ; et mon ordre aujourd’hui
Est de vous obéir, et m’assurer de lui.
Qu’on l’emmène, soldats ! il blesse ici la vue.

MARTIAN.

1750Fut-il jamais disgrâce, ô Dieux ! plus imprévue ?

PLAUTINE, seule[2].

Je me trouble, et ne sais par quel pressentiment
Mon cœur n’ose goûter ce bonheur pleinement :
Il semble avec chagrin se livrer à la joie ;
Et bien qu’en ses douceurs mon déplaisir se noie,
1755Je ne passe de l’une à l’autre extrémité
Qu’avec un reste obscur d’esprit inquiété.
Je sens[3]… Mais que me veut Flavie épouvantée ?

  1. Ad evocandum Galbam. Voyez ci-dessus, p. 648, note.
  2. Le mot seule manque dans les éditions de 1665 et de 1666. Voltaire fait de ce couplet de Plautine la scène vii. Voyez ci-dessus, p. 650, note.
  3. L’édition de 1692 a remplacé : « Je sens… » par « Je suis… »