Votre cœur est à moi, j’oserai le donner ;
Mais je ne le mettrai qu’en la main qu’il souhaite.
Vous, traitez-moi, de grâce, ainsi que je vous traite ;
Et quand ce coup pour vous sera moins rigoureux,
Avant que me donner consultez-en mes vœux.
Vous aimeriez quelqu’un !
Mon cœur est au monarque à qui l’on m’a donnée ;
Mais quand par ce grand choix j’en perdrai tout espoir,
J’ai des yeux qui verront ce qu’il me faudra voir.
Scène III.
Ce grand choix est donc fait, Seigneur, et pour le faire
Vous avez à tel point redouté ma colère.
Que vous n’avez pas cru vous en pouvoir sauver
Sans doubler votre garde, et me faire observer ?
Je ne me jugeois pas en ces lieux tant à craindre ;
Et d’un tel attentat j’aurois tort de me plaindre,
Quand je vois que la peur de mes ressentiments
En commence déjà les justes châtiments.
Que ces ordres nouveaux ne troublent point votre âme :
C’étoit moi qu’on craignoit, et non pas vous. Madame ;
Et ce glorieux choix qui vous met en courroux
Ne tombe pas sur moi. Madame, c’est sur vous.
Il est vrai que sans moi vous n’y pouviez prétendre :
Son cœur, tant qu’il m’eût plu, s’en auroit su défendre ;
Il étoit tout à moi. Ne vous alarmez pas