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Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 7.djvu/213

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TITE ET BÉRÉNICE.
COMÉDIE HÉROÏQUE.

ACTE I.


Scène première.

DOMITIE, PLAUTINE.
DOMITIE

Laisse-moi mon chagrin, tout injuste qu’il est :
Je le chasse, il revient ; je l’étouffe, il renaît[1] ;
Et plus nous approchons de ce grand hyménée,
Plus en dépit de moi je m’en trouve gênée.
5Il fait toute ma gloire, il fait tous mes desirs :
Ne devroit-il pas faire aussi tous mes plaisirs[2] ?
Depuis plus de six mois la pompe s’en apprête,
Rome s’en fait d’avance en l’esprit une fête,
Et tandis qu’à l’envi tout l’empire l’attend,
10Mon cœur dans tout l’empire est le seul mécontent.

PLAUTINE

Que trouvez-vous, madame, ou d’amer ou de rude
À voir qu’un tel bonheur n’ait plus d’incertitude ?
Et quand dans quatre jours vous devez y monter,

  1. Le second hémistiche de ce vers est le premier du vers 1050 de Polyeucte.
  2. Var. Ne devoit-il pas faire aussi tous mes plaisirs ? (1679).