Qui n’auroient pas, Seigneur, des âmes si romaines,
Et lui feroient peut-être avec trop de raison
Haïr votre mémoire et détester mon nom.
Un refus généreux de tant de déférence
Contre tous ces périls nous met en assurance.
Le ciel de ces périls saura trop nous garder.
Je les vois de trop près pour vous y hasarder.
Quand Rome vous appelle à la grandeur suprême…
Jamais un tendre amour n’expose ce qu’il aime.
Mais, Madame, tout cède, et nos vœux exaucés…
Votre cœur est à moi, j’y règne ; c’est assez[1].
C’est plus craindre qu’aimer.
Ne me renvoyez pas, mais laissez-moi partir.
Ma gloire ne peut croître, et peut se démentir.
Elle passe aujourd’hui celle du plus grand homme,
Puisqu’enfin je triomphe et dans Rome et de Rome :
J’y vois à mes genoux le peuple et le sénat ;
Plus j’y craignois de honte, et plus j’y prends d’éclat ;
J’y tremblois sous sa haine, et la laisse impuissante ;
J’y rentrois exilée, et j’en sors triomphante.
L’amour peut-il se faire une si dure loi ?
- ↑ Var. Votre cœur est à moi, j’y règne, et c’est assez. (1671)