Et qui surtout n’ait rien à me rendre jaloux :
Mon âme avec chagrin sur ce point balancée
En veut, et dès demain, être débarrassée.
Seigneur, je n’aime rien.
Faites un choix vous-même, ou souffrez-en le don.
Mais si j’aime en tel lieu qu’il m’en faille avoir honte,
Du secret de mon cœur puis-je vous rendre conte ?
Résolvons cet hymen avec ou sans amour.
Cependant allez voir la princesse Eurydice ;
Sous les lois du devoir ramenez son caprice ;
Et ne m’obligez point à faire à ses appas
Un compliment de roi qui ne lui plairoit pas.
Palmis vient par mon ordre, et je veux en apprendre
Dans vos prétentions la part qu’elle aime à prendre.
Scène III.
Suréna m’a surpris, et je n’aurois pas dit
Qu’avec tant de valeur il eût eu tant d’esprit[1] ;
Mais moins on le prévoit, et plus cet esprit brille :
Il trouve des raisons à refuser ma fille,
Mais fortes, et qui même ont si bien succédé,
Que s’en disant indigne il m’a persuadé.
Savez-vous ce qu’il aime ? Il est hors d’apparence
- ↑ Dans l’édition de 1692 : « on eût eu tant d’esprit. »