Page:Corneille, Pierre - Œuvres, Marty-Laveaux, 1862, tome 1.djvu/174

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épisodiques. Les uns et les autres doivent avoir leur fondement dans le premier acte, et être attachés à l’action principale, c’est-à-dire y servir de quelque chose ; et particulièrement ces personnages épisodiques doivent s’embarrasser si bien avec les premiers, qu’un seul intrique brouille les uns et les autres. Aristote blâme fort les épisodes détachés, et dit que les mauvais poètes en font par ignorance, et les bons en faveur des comédiens pour leur donner de l’emploi. L’Infante du Cid est de ce nombre, et on la pourra condamner ou lui faire grâce par ce texte d’Aristote, suivant le rang qu’on voudra me donner parmi nos modernes.

Je ne dirai rien de l’exode, qui n’est autre chose que notre cinquième acte. Je pense en avoir expliqué le principal emploi, quand j’ai dit que l’action du poème dramatique doit être complète. Je n’y ajouterai que ce mot : qu’il faut, s’il se peut, lui réserver toute la catastrophe, et même la reculer vers la fin, autant qu’il est possible. Plus on la diffère, plus les esprits demeurent suspendus, et l’impatience qu’ils ont de savoir de quel côté elle tournera est cause qu’ils la reçoivent avec plus de plaisir : ce qui n’arrive pas quand elle commence avec cet acte. L’auditeur qui la sait trop tôt n’a plus de curiosité ; et son attention languit durant tout le reste, qui ne lui apprend rien de nouveau. Le contraire s’est vu dans la Mariane, dont la mort, bien qu’arrivée dans l’intervalle qui sépare le quatrième acte du cinquième, n’a pas empêché que les déplaisirs d’Hérode, qui occupent tout ce dernier, n’aient plu extraordinairement ; mais je ne conseillerais à personne de s’assurer sur cet exemple. Il ne se fait pas